Test du jeu Ghostwire Tokyo (2024)

Tango Gameworks quitte les terres du survival-horror, et accoste sur les rives du jeu d’action-aventure avec Ghostwire Tokyo. Les studios fondés par Shinji Mikami (Resident Evil, Dino Crisis) nous invitent à découvrir la ville de Tokyo et à faire face à une mystérieuse anomalie le temps d’une épopée surnaturelle. Le titre édité par Bethesda Softworks est-il en mesure de marquer durablement les esprits ?

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Une investigation paranormale

Ghostwire Tokyo nous plonge au cœur d’une capitale nippone en proie à un étrange phénomène responsable de la disparition de la quasi-totalité de la population, exception faite d’un jeune japonais. Akito de son nom est parvenu à résister au mystérieux brouillard qui enveloppe la ville grâce à l’intervention d’un être spirituel nommé KK. Cette fusion donne l’opportunité au premier de sauver sa sœur cadette et au second de se venger du maître de l’occulte Hannya et des légions de Sans Visages à l’origine de la tragédie qui frappe Tokyo.

Un jeu d’action-aventure en monde ouvert prend le risque d'émietter son scénario sans jamais parvenir à l’imposer. Suite à une introduction percutante et un premier acte hautement scénarisé, il faut bien reconnaître que le récit est mis en retrait au point de devenir par instant un spectateur de sa propre histoire. Toutefois, la mise en scène, qui est principalement là pour exposer l’intrigue, met les petits plats dans les grands quand nécessité fait loi et nous sert des cinématiques de haute volée, certes peu nombreuses, mais parfaitement réalisées. A noter que Ghostwire Tokyo se dote de doublages en japonais et en anglais ainsi que de sous-titres en français.

Les scénaristes comptent également sur une narration par le gameplay via des séquences qui ne manquent ni d'imagination ni de poésie pour faire avancer l’intrigue. Le jeune héros et son alter ego passent par toutes les émotions, et nous avec, au cours de séquences oniriques visuellement bluffantes et inspirées autant du 7e Art, surtout horrifique, que du folklore japonais. Il se dégage de ces instants en apesanteur, où les notions de temps et d’espace perdent tout sens commun, une créativité qui touche à la mélancolie. La principale thématique qui sous-tend le récit, à savoir le deuil, s’épanouit ainsi autant par le fond, l’histoire d’Akito et de KK, que par la forme… le gameplay.

Une purification de la cité tokyoïte

Avec Ghostwire Tokyo, Tango Gameworks se lance un défi, celui de concevoir un monde ouvert crédible reproduisant à l’échelle 1:1 le centre névralgique de la capitale du Japon. Les studios supervisés par Shinji Mikami nous promettaient un Tokyo grandeur nature et ils ont tenu parole. La cité tokyoïte s’étend à perte de vue (ou presque) et regorge de lieux iconiques à découvrir sous un nouveau jour surnaturel. Certes, la cité est dépeuplée ce qui est amplement justifié par le scénario, mais elle n’est ni vide ni dénuée d’intérêt pour autant. Tokyo se veut à la fois réaliste et dépaysante, vraie et paranormale; familière et énigmatique.

Il se dégage de ce dédale urbain une atmosphère pesante de fin du monde. Malgré des environnements qui finissent par se répéter, Tokyo oblige, le plaisir de la découverte reste intact tout au long d’une aventure qui exige une quinzaine d’heure pour se terminer en ligne droite (30 heures pour finir le jeu à 100%). La cité nippone devient à sa manière un personnage à part entière avec ses codes, ses gimmicks et une histoire qui n’appartient qu’à elle. Tango Gameworks transforme cette métropole en un champ d’opportunités avec son lot de missions principales et secondaires, parfois redondantes, et cette volonté de pousser les murs. L’exploration ne se résume pas à errer dans les rues, mais joue avec la notion de verticalité, et entraîne Akito sur les toits ainsi que dans les sous-sols de la ville.

Sur le plan technique, la nouvelle création de Tango Gameworks n’a pas à rougir face à la concurrence. Au contraire, le titre s’avère solide, exempt de bugs ce qui garantit une progression sans heurt, et offre un dépaysement total avec ses visuels léchés. Ghostwire Tokyo ne restera pas dans les mémoires pour avoir été une révolution graphique, mais cela importe peu. Sa principale force réside dans son atmosphère singulière égale à nulle autre et sa faculté à surprendre par une direction artistique fusionnant environnements urbains et éléments surnaturels pour un résultat rarement (voire jamais) vu. Mention spéciale aux effets visuels, et tout particulièrement à ceux transposant les pouvoirs du héros à l’écran.

Ghostwire Tokyo Gameplay

L’art de l’exorcisme

Tango Gameworks délaisse ici les codes du survival-horror et se réapproprie ceux du jeu d’action-aventure. Ghostwire Tokyo mise sur des affrontements nombreux et intenses, et non sur la survie et une gestion minutieuse des ressources. Il existe bien des items pour récupérer de la santé et une notion de “munition”, mais cela s’avère secondaire voire tertiaire. Le titre se focalise sur l’utilisation des pouvoirs du héros qu’il manie, et donc nous aussi par extension, avec une facilité déconcertante. Il se dégage des combats un plaisir simple et grisant, enivrant même, celui de maîtriser les éléments et notre destinée.

La vue à la première personne, qui pourrait en dérouter plus d’un, renforce ce sentiment d’immersion et accentue l’urgence de la situation. Le champ de vision réduit et les angles morts accentuent ce sentiment omniprésent de ne pas être seul. Néanmoins, Akito et KK peuvent compter sur leurs aptitudes surnaturelles, le tissage d’éther, pour venir à bout d’un bestiaire suffisamment varié pour renouveler l’intérêt des affrontements, et il en va de même pour les objectifs qui leur sont confiés. Sans véritablement révolutionner le genre, Tango Gameworks se démarque par son approche ésotérique du jeu d’action en vue subjective.

Les exorcistes sont également amenés à faire preuve de discrétion, principalement lorsque Akito et KK sont séparés, et à utiliser des armes “mortels”, à commencer par un arc et divers talismans aux propriétés multiples. Ces phases d’infiltration, peu nombreuses il faut bien l’avouer, agrémentent le voyage sans en altérer véritablement la tonalité. Les puzzles, les boss et autres variantes ludiques imaginées par les studios japonais servent le même objectif, à savoir briser un certain sentiment de répétition inhérent au genre. En définitive, Ghostwire Tokyo n'est pas parfait, se répète par instant, mais fait preuve d'originalité, et c'est bien là l'essentiel.

Ghostwire Tokyo Gameplay

Un apprentissage spirituel

Au début de l’aventure, Akito et son alter égo éthéré KK ne sont pas en mesure de confronter Hannya. Pour gagner en puissance et débloquer de nouvelles aptitudes, ils sont invités à libérer un maximum d’âmes, à purifier la cité nippone et à remplir divers objectifs en échange entre autres d’un gain substantiel d’expérience et une montée de niveau. Vous l’aurez compris, Ghostwire Tokyo intègre des mécaniques issues des jeux de rôle sans que cela devienne prédominant. Cette dimension Light-RPG, présente dans de nombreux jeux modernes, nous immerge d’autant plus dans l’aventure et renforce notre lien émotionnel avec les protagonistes en influant directement sur leur destinée.

A terme, 100% des aptitudes et autres compétences du héros sont débloquées. Si le chemin varie d’un joueur à l’autre, la destination reste définitivement la même. Akito et KK sont voués à maîtriser l’art de l'exorcisme dans son ensemble. Il est toutefois possible de privilégier certains chapelets aux propriétés variées, à équiper selon les objectifs en cours, et d’opter pour une tenue en particulier dont l’intérêt est pour cette dernière purement esthétique. Ghostwire Tokyo est un jeu d’action-aventure avant tout et limite donc les opportunités de personnalisation ludiques et cosmétiques à quelques options.

Conclusion

Points forts

  • Un récit ésotérique centré sur la thématique du deuil
  • Les phases de jeu oniriques
  • La reconstitution de Tokyo à l'échelle 1:1
  • L'exploration et la verticalité du level design
  • Une atmosphère surnaturelle inspirée du folklore japonais
  • Des combats grisants face à un bestiaire riche
  • La dimension Light-RPG
  • Les doublages japonais/anglais et les sous-titres en français

Points faibles

  • Un récit parfois en retrait
  • Des environnements urbains peu variés
  • Une durée de vie assez courte (15h en ligne droite - 30h pour le 100%)
  • Le sentiment de répétition après une dizaine d’heures (missions, objectifs)

Note de la rédaction

La proposition vidéoludique de Tango Gameworks fera date. Sans jamais atteindre la perfection, Ghostwire Tokyo marque les esprits. La reconstitution à l’échelle 1:1 de la capitale nippone, l’exploration d’un monde ouvert surnaturel et urbain ainsi que le système de combat éthéré valent à eux seuls le détour. Certes, le récit est parfois en retrait et un certain sentiment de répétition s’invite en fin de parcours, mais ces quelques défauts sont compensés par la singularité même de l'œuvre imaginée par Shinji Mikami et ses équipes. Ghostwire Tokyo est bel et bien ce voyage mémorable tant espéré.

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Author: Moshe Kshlerin

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